En 2019, selon un décompte de la police nationale, 59 policiers se sont suicidés, soit une hausse de 60% par rapport à l’année précédente. 24% d’entre eux ont envisagé de se suicider ou ont entendu des collègues vouloir le faire au cours des 12 derniers mois. Au total, selon une étude, «40% des policiers sont en détresse psychologique». Un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale, j’ai donc décidé d’écrire cette lettre a nos policiers sans qui le mot « sécurité » ne serais qu’euphémismes.
Chers Policiers,
Je voudrais commencer par rappeler à chacun d’entre nous que lorsque nous étions enfants nous rêvions tous, tous de devoir policier quoi de plus attrayant pour un enfant que de jouer au policier et aux voleurs et d’être le policier qui court après le voleur, quelle satisfaction c’était que de pouvoir interpeller les voleurs après des courses folles à travers le parc, quelle satisfaction c’était que de pouvoir le mettre en prison celui qu’on appelait le voleur, combien d’entre nous interroger lorsqu’on était enfant à la question quel est le métier de tes rêves répondions « footballeur ou policier pour mettre les méchants en prison ».
Comment des années plus tard le méchant dans l’inconscient collectif a pu devenir le policier ? Comment celui dont on se méfie et celui qui a les menottes, comment nous en sommes arrivées à un stade où certains prient pour que leurs enfants ne rejoignent pas vos rangs, comment aujourd’hui ces hommes dont on voulait porter la blouse, sont ceux sur qui une partie de la population crache, insulte et méprise, je ne sais pas, je ne sais pas si vous êtes responsables de la situation, si c’est nous qui le sommes si ce sont les politiques ou la justice, mais je sais une chose, c’est qu’on aura toujours besoin de vous et s’il existe 3 mauvais policiers sur 10, il en reste 7 de bon, et c’est à 7 là que je m’adresse aujourd’hui.
Mesdames, Messieurs sachez que vous êtes encore une lueur d’espoir pour des milliers d’enfants ou adolescents qui voient en vous des superhéros, vous rester une leur d’espoir pour ces centaines de milliers de personnes agresser chaque jour en France, vous rester pour des millions de gens une raison de se promener dehors en craignant moins de ce qu’ils peuvent leur arriver que si vous n’étiez pas là, des millions de Français savent à quel point votre métier est difficile, nous savons que vous risquez votre vie au quotidien, pour un salaire de misère, nous savons que vos conditions de travail sont des plus déplorables, nous savons que le pourcentage de divorce est plus élevé dans votre profession qu’ailleurs, que vous n’hésitez pas parfois à sacrifier vos femmes/hommes et l’éducation de vos enfants pour que le pays soit un pays où chaque citoyen puisse se sentir à son aise et en sécurité, nous savons que c’est un métier dont on ressort lessivé et trop souvent dépressif, un métier dont l’accompagnement psychologique est beaucoup trop léger comparé à l’implication mentale que vous y mettez.
Nous le savons et c’est pour cela que je voudrais vous témoigner de tout mon respect, et vous remercier pour le travail que vous faites au quotidien, je voudrais vous remercier d’avoir choisi ce métier et de vous y tenir, vous remercier de vous sacrifier pour nous, vous remercier d’être là peu importe du jour ou de la nuit, je sais que cette lettre ne fera pas l’unanimité qu’elle ne plaira pas à tout le monde, mais je sais qu’elle sera importante pour vous, vous les bons policiers, vous les policiers qui ne fermaient pas les yeux sur le racisme, et les bavures de vos collègues, vous qui prenez tous les risques avec votre hiérarchie pour être entendu, vous qui avez le courage de dénoncer ce qui ne va pas, cette lettre elle est pour vous, tenez le coup et souvenez de pourquoi vous vous êtes engagés, promis, tôt ou tard on les fera tomber les méchants et les menottes ont leur passera comme on rêvait dans les cours de récré.
D’un coeur sincère.
Par Aboubacar KONTE.
