EXCISION : ET SI ON S’EN PARLAIT ?

Pratique ancestrale, les mutilations sexuelles féminines (MSF) concernent aujourd’hui encore au moins 200 millions de femmes et de filles dans le monde, à travers plus de 90 pays et tous les continents, à l’exception de l’Antarctique ! En tant qu’atteinte aux droits humains et à l’intégrité physique basée sur la domination masculine sur le corps et la sexualité des femmes, elles nous concernent toutes et tous.

Depuis plus de trente ans, la société civile du monde entier s’est mobilisée pour mettre fin à l’excision. L’abandon total des MSF d’ici à 2030 est inscrit dans la cible 5.3 des Objectifs de Développement durable (ODD).

Mais qu’est-ce que l’excision ? 

Bien que l’excision soit une forme particulière de mutilation sexuelle féminine (type 11), l’appellation est parfois employée dans son acception générique comme synonyme de MSF. Les mutilations sexuelles féminines concerner toute personne née avec une vulve, toutes identités de genre confondues. 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) regroupe sous le terme de mutilations génitales féminines/excision (Female Genital Mutilation/Cutting, FGM/C) toutes les pratiques qui entraînent une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou d’autres lésions à des fins non médicales. 

Il existe plusieurs types d’excision : 

  • Type I (clitoridectomie): ablation partielle ou totale du clitoris externe et/ou du capuchon du clitoris.
  • Type II (excision): ablation partielle ou totale du clitoris externe et des petites lèvres avec/sans ablation des grandes lèvres.
  • Type III (infibulation ou «excision pharaonique»): rétrécissement de l’orifice vaginal avec recouvrement par l’ablation et l’accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans excision du clitoris.
  • Type IV: toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple la perforation ou le déchirement des organes génitaux internes et externes.

« Nous ne parviendrons à l’abandon de l’excision qu’en travaillant main dans la main et en renforçant les ponts entre les acteurs et actrices de terrain, en France et dans le monde. » Ramata Kapo, présidente d’Excision, parlons-en ! 

Pratique vraiment avantageuses ? 

Bien que dans certaines cultures l’excision est mis au même pied que la circoncision, elle ne présente aucun avantage pour la santé et entraine de graves conséquences physiques (douleurs, infections des voies urinaires, complications obstétricales…), mais aussi psychologiques et sexuelles tout au long de la vie des femmes.

Parmi les risques auxquels sont exposées les filles et les femmes victimes d’excision, il est possible de citer :

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) : l’utilisation d’un même instrument non stérilisé pour l’excision de plusieurs filles est susceptible d’accroître le risque de transmission du VIH. Par ailleurs, l’augmentation du risque des saignements au cours des rapports sexuels, qui est fréquent lorsque la désinfibulation est nécessaire, peut accroître le risque de transmission du VIH.

Les répercussions sur le nouveau-né : les résultats d’une étude menée par l’Organisation mondiale de la Santé sur 28 000 femmes dans différents pays, prouvent que les mutilations sexuelles des mères ont des conséquences négatives sur les nouveau-nés : les taux de décès périnatal chez les nouveau-nés sont plus élevés pour les enfants des femmes ayant subi une mutilation sexuelle que pour les enfants des femmes n’ayant pas subi de mutilation (supérieur de 15 % pour les enfants dont les mères ont subi une mutilation de type I, de 32 % lorsque les mères ont subi une mutilation de type II, et de 55 % lorsqu’il s’agit d’une mutilation sexuelle de type III) (L’étude a porté sur 28 393 femmes dans 28 centres de soins obstétricaux de six pays où les mutilations génitales sont courantes – Burkina Faso, Ghana, Kenya, Nigeria, Sénégal et Soudan.)

Déscolarisation : Les filles qui subissent des mutilations génitales féminines courent plus de risques d’être mariées avant l’âge adulte et d’abandonner l’école, ce qui hypothèque leurs perspectives d’un avenir meilleur pour elles et leurs communautés.

Dans la plupart des cas, les conséquences catastrophiques de cette forme de mutilation génitale féminine sont inconnues des populations la pratiquant. En effet, la majorité des femmes excisées qui rencontrent ces problèmes ne savent pas que ceux-ci sont liés à l’excision dont elles ont été victimes enfants, ces problèmes ne survenant pour la plupart qu’au moment de la puberté.

Pourtant, dans le monde, 200 millions de femmes et de fillettes ont subi une mutilation sexuelle féminine (Unicef, 2016) et une fille est encore excisée toutes les dix secondes. 

Pourquoi continuer ? 

Le maintien de la pratique est sous-tendu par un ensemble de croyances culturelles, religieuses » et sociales. Les raisons invoquées par les groupes qui perpétuent l’excision peuvent varier d’une région, ethnie communauté à l’autre et peuvent se cumuler.

Dans certaines communautés, elles sont vues comme un moyen d’asservir la sexualité des filles ou une garantie de chasteté. Dans d’autres communautés, elles constituent un prérequis au mariage ou à la succession. Dans les sociétés où cette pratique est le plus répandue, elle est souvent considérée comme un rite de passage pour les filles. Les mutilations génitales féminines ne sont pas approuvées par l’islam ou le christianisme, mais les croyances liées à la religion sont fréquemment invoquées pour justifier leur pratique.

Globalement, il s’agit d’une norme sociale : les MSF sont perpétuées en raison d’un sentiment d’obligation sociale fort, dans le but de protéger les filles de la stigmatisation et de la marginalisation, mais nous pouvons également entendre des arguments comme, la favorisation de la fécondité. 

Médecins complices ? 

La médicalisation des MSF désigne les « situations dans lesquelles ces mutilations (y compris la réinfibulation) sont pratiquées par une catégorie ou une autre de personnel de santé, que ce soit dans un dispensaire privé ou public, à domicile ou ailleurs, à n’importe quel stade de la vie d’une femme. » (OMS).

Si depuis les 27 siècles que l’excision existe, des professionnelles de santé ont pratiqué des MSF, la médicalisation semble en augmentation depuis le début des années 2000″.

On estime qu’elle concernerait aujourd’hui plus d’un quart des MSF dans le monde, en particulier au Soudan (plus de 75 % des MSF pratiquées dans le pays), en Égypte, au Kenya, en Guinée et au Nigéria. L’Indonésie, la Malaisie, le Mali et le Yémen présentent également une forte hausse de la médicalisation. 

Dans certains pays, comme l’Egypte ou la Malaisie, ce nouveau cadre a malheureusement été considéré par certaines associations et les gouvernements comme une solution acceptable, expliquent les chercheuses. Il aura fallu la mobilisation de la Fédération internationale des gynécologues obstétriciens pour que peu à peu la médicalisation soit interdite officiellement dans la plupart des pays, à l’exception notable de l’Indonésie.

Comment faire évoluer la cause ?

Les efforts déployés à l’échelle internationale ont permis d’accélérer les progrès réalisés pour éradiquer les mutilations génitales féminines. Aujourd’hui, les risques que court une fille de subir une excision sont réduits d’environ un tiers par rapport à il y a 30 ans.

Cependant, le maintien des résultats obtenus malgré la croissance démographique représente une difficulté majeure. D’ici à 2030, dans le monde, plus d’une fille sur trois naîtra dans l’un des 31 pays où les mutilations génitales féminines sont répandues. En conséquence, quelque 68 millions de filles âgées de moins de 15 ans, dont des nourrissons, seront exposées à un risque d’excision.

À l’heure actuelle, les MGF sont considérées comme « une affaire de femmes ». Les hommes n’interviennent que très rarement dans le processus de la pratique des MGF et leurs positions sur le sujet sont souvent floues. Or, les MGF concernent tous les membres de la communauté. La lutte contre les MGF passe donc aussi par l’implication des hommes et leur sensibilisation à la pratique.

Pour rappel ! Ces pratiques sont aujourd’hui définitivement reconnues par la communauté internationale comme une forme de violation des droits humains – une violation doublée d’une atteinte grave à la santé des jeunes filles et des femmes concernées.

Un grand MERCI à Excision, parlons-en ! et Anita Traore vice-présidente de l’association, et présidente-fondatrice de l’Association Chance et Protection Pour Toutes (ACPPT) ! Pour l’envoie de leur rapport m’ayant permis la rédaction de cet article n’hésitez pas à faire un don pour faire avancer leur cause. 

Par Aboubacar KONTE

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