Selon un blog paru dans le Monde Diplomatique qui cite l’Inserm, les éboueurs perdraient en moyenne 17 années d’espérance de vie, métier contraignant tant bien physiquement que psychologiquement, ces héros du quotidien qui continué à collecter les poubelles même au plus fort des mesures de confinement, sont pourtant de plus en plus mépriser par la société, dans une interview l’un d’entre eux a accepté de répondre à mes questions, du mépris de classe, à la difficulté du métier, en passant par leur quotidien et leurs rapports à la société une interview pleine de sincérité qui vous donnera probablement une autre image de ce métier.
Pouvez-vous nous décrire votre métier ?
Éboueur, c’est une association de plusieurs métiers, parmi lesquels nous pouvons retrouver, le balayeur, le souffleur, le ripeur, etc, en sommes tout ce qui concerne les entretiens de l’espace urbain. Il faut savoir qu’il y a les employées de la mairie et ceux des sociétés privées, la différence entre les deux et surtout dans la pression mise par l’employeur, la société privée étant elle-même employée de la mairie elle met plus de pression sur ses employées qu’un employé qui serait en collaboration directe avec la mairie, moi je suis souffleur (machine qui projette un flux d’air pour éloigner ou regrouper les feuilles mortes tombées au sol, souvent pour en faire des tas qu’une machine aspirante pourra éventuellement recueillir plus tard.) pour une société privée.
Quelle est la journée type d’un éboueur ?
Les journées se suivent et se ressemblent, il nous est attribué plusieurs secteurs et chaque semaine, en tant que souffleur il nous est demandé de tourner dans ce secteur composer de plusieurs rues, nous arrivons à 7 h au dépôt, nous nous changeons aux vestiaires boit un café et attendons de commencer à 8 h ,car avant cela crée des nuisances sonores au pré des habitants la seule fois où on nous a envoyés commencer plutôt nous avons été sanctionnés et avons était obligé d’utiliser un souffleur électrique, le souffleur électrique étant moins puissant ce qui nous oblige parfois même à finir à la main pour s créer de retard. Une fois le soufflage commencé à 8 h nous faisons plusieurs tas jusqu’à avoir fini la rue, le reste appartient à l’aspire feuille qui est chargée de venir en camion venir aspirer les feuilles.
Quels sont les avantages de ce métier ou du moins ce qui vous plaît dedans ?
Les avantages de ce métier sont les suivants : le sentiment de se sentir utile, de servir à quelque chose, il y a également le fait de faire sourire les enfants, qui n’hésitent pas à nous saluer et même les plus âgées qui parfois nous laissent des pourboires.
Quels sont les inconvénients de ce métier ?
Il y a énormément d’inconvénients, mais si je devais insister sur un inconvénient en particulier, c’est celui du manque de respect, les habitants doivent faire un travail sur eux-mêmes, nous sommes là pour entretenir la ville, ce sont les mêmes qui se plaignent des rues sales, mais n’hésite pas à nous insulter quand il faut patienter cinq minutes le temps qu’on nettoie.
Vous imaginiez tout ça quand vous avez commencé ?
Je n’imaginais pas tout ça, car je ne connaissais pas l’envers du décor, et de l’extérieur le métier a l’air plus facile qu’il en est, une fois dedans on se rend compte de sa réelle dureté et surtout du fait qu’il est composé de plusieurs autres métiers, il faut savoir être polyvalent.
Pensez-vous que le métier serait plus aisé si la société était un peu plus civile ?
Si la Société était plus civile le métier serait un peu plus facile, je ne dis pas qu’on occulterait toutes les difficultés, mais ça le rendrait plus agréable, c’est au contact des gens que j’ai appris à quel point le manque de civilité était élevé.
Avez-vous l’impression que les gens sont de plus en plus sales ?
Les gens sont de plus en plus sales, il suffit de voir l’état de la rue, des canettes en pagailles, des mouchoirs, des papiers, mais ce qui me choque le plus ce sont les masques à l’heure d’une pandémie mondiale les masques n’ont vraiment rien à faire dehors surtout lorsqu’on sait qu’il y a des poubelles tous les 30 mètres ! Qu’est-ce qui nous empêche de faire l’effort ?
Avez-vous l’impression que le métier d’éboueur est considéré à sa juste valeur ?
Selon moi aucun métier n’est considéré sa juste valeur, celui d’éboueur n’y loupe pas et je pense que ce sera le cas advita æternam et cela est particulièrement triste, sans les éboueurs et tous les corps de métiers présents dans cette appellation, les villes ne ressembleraient plus à rien !
Quelles sont vos relations avec la population ?
Je ne veux pas tomber dans les clichés, mais moi travaillant dans les quartiers riches j’ai vraiment des difficultés, ce sont des gens qui payent leurs impôts avec lesquels notre société est payée, ils sont donc plus enclins à mettre la pression que si l’on était des employés directs de la mairie, si les rues ne sont pas faites en temps prescrit on sait qu’on en pâtira, au point même où on a peur des pauses au risque d’être dénoncée alors que nous prenons juste un temps de pause auquel on a le droit comme tout employé d’un autre secteur, heureusement cela ne représente pas la majorité, il y a également des personnes très bienveillantes et souriantes.
Quelle est votre réaction vis-à-vis de ceux qui négligent le métier d’éboueur et parle même parfois de sous métier ?
Au début j’avais un complexe vis-à-vis du métier tant on entend des choses, mais je ne leur en veux pas, c’est ainsi que la société a été formater depuis enfants nous entendons des critiques négatives vis-à-vis des éboueurs forcément un moment on finit par le penser, c’est navrant, mais on ne peut rien n’y faire si ce n’est un travail de sensibilisation individuel et collectif.
Conseilleriez-vous le métier d’éboueur à quelqu’un de lambda ?
Je ne le conseillerais pas, c’est un métier éprouvant et difficile, et qui nuit à la santé, moi je suis par exemple à la soufflette je suis exposé à l’odeur de l’essence, la société nous fournissons pas de masque, et au bruit n’ayant pas de casque, ce qui nuit aux oreilles à long terme.
Quel est le mot que vous voudriez faire passer aujourd’hui ?
Ce que j’aimerais dire aujourd’hui c’est : « ne soyez pas condescendants, arrogants, orgueilleux ou méprisants, restez humble quel que soit votre corps de métier ou l’argent qui rentre sur le compte en banque à la fin du mois, la moindre des choses est le respect d’autrui, nous ne sommes que de passage sur terre, il est donc important de se rendre agréable ce passage et cela passe par le respect d’autrui ».