LETTRE À … LINDSAY !

Le 12 mai dernier, Lindsay, une adolescente de 13 ans vivant dans le Pas-de-Calais, s’est donné la mort après avoir souffert de harcèlement dans son collège durant plusieurs mois. J’ai décidé d’écrire une lettre en sa mémoire.

Chère Lindsay,

Alphonse Karr disait : « Le harcèlement, c’est comme l’uranium, ça nous brûle de l’intérieur !!! » Toi, ça a malheureusement fini par te consumer.

Insultée, humiliée, méprisée, tu as fait le choix de t’en aller, de rejoindre ton papa, d’aller te reposer auprès de lui. À défaut d’avoir des alliés sur terre, tu as fait le choix d’avoir un allié au ciel.

Aucun enfant, aussi mature et réfléchi soit-il, ne devrait avoir à faire ce choix.

Aucun enfant, aussi mature et réfléchi soit-il, ne devrait avoir à rentrer chez lui avec les larmes plein les yeux, avec la boule au ventre en allant à l’école le matin, avec des angoisses et des sueurs froides à chaque fois qu’on entonne son prénom.

Aucun enfant, aussi mature soit-il, ne devrait avoir à planifier son suicide, à l’imaginer, à le visualiser.

Aucun enfant, aussi mature et réfléchi soit-il, ne devrait avoir à écrire ses adieux.

Ta mort est l’échec d’une société en déclin, ta mort est l’abandon d’une petite fille qui avait l’avenir devant elle, ta mort est le révélateur du mal-être profond qui gangrène notre pays, ta mort est la souffrance qu’une mère devra porter tout au long de sa vie. Ta mort est la culpabilité que devront porter ces 4 personnes qui en sont à l’origine. 

Elle est également celle de tous ceux qui t’ont laissée tomber, de ceux qui devaient assurer ta protection et ton épanouissement, de ceux qui devaient te permettre d’apprendre dans les meilleures conditions possibles.

J’espère que de là où tu es, tu te plais, que tu as pu trouver du réconfort auprès de ton papa. J’espère qu’une fois la nuit tombée, tu te mélanges aux étoiles pour éclairer le cœur de ta maman, et celui de ton amie Maëlys pour qui tu avais peur.

À toi et à tous ceux qui se sont ôté la vie pour les mêmes raisons, formez la meilleure école là-haut, soyez les meilleurs camarades possibles. Nous, on s’occupe de faire changer ce qui ne va pas en bas, et on va faire de notre mieux pour que plus aucun enfant ne puisse rejoindre votre classe, qui est déjà assez bien remplie par nos manquements.

Un enfant qui s’éteint, ce n’est pas un mortel qui finit, c’est un immortel qui commence.

D’un coeur sincère.

Par Aboubacar KONTE.

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