C’était il y a trois semaines, jour pour jour. La petite Lola, 12 ans, était retrouvée dans une malle en plastique, sauvagement tuée quelques heures avant dans le 19ème arrondissement de Paris. Pendant que chacun se renvoie la balle de la responsabilité, j’ai décidé pour ma part de te rendre hommage en une lettre.
Chère Lola,
Cela fait maintenant une semaine qu’on a appris ton épouvantable meurtre, une semaine où l’on dort pas, une semaine où chacun se demande ce que devient la France, une semaine où chacun voit en son voisin et sa voisine un potentiel suspect, une semaine que les débats nauséabonds prennent le dessus, une semaine où les uns accusent les autres, pendant que les autres pointent du doigt les uns, une semaine où chacun oublie que des parents ont perdu une fille, des frères ont perdu une sœur, des grands-parents leurs petites filles, et qu’une famille a perdu la prunelle de leurs yeux.
Tu représentais ce que la France avait de plus beau dans sa diversité, tu étais l’amie de tous, ton entourage était de toutes les couleurs de toutes les origines de tous les horizons, tu étais belle et simple, tu étais celle qu’on voulait avoir en amie, en fille et en sœur, autour de toi tu laisses un énorme vide, mais dans nos esprits tu occupes une grande place, une place aussi grande que la jeune fille splendide que tu étais du haut de tes 12 ans.
Ton corps sera inhumé ce lundi, mais sache que ton âme errera au-dessus de nos têtes, on se sait regarder par toi, on sait que tu’es là où tu ne souffriras plus jamais, on sait que tu ne manqueras plus jamais de rien, on espère juste une chose, qu’un jour quand notre tour arrivera tu seras là pour nous accueillir, que nous pourrons te serrer dans nos bras, que tu pourras nous rassurer comme on aurait aimé le faire vendredi soir, que tu pourras nous pardonner d’avoir échoué, pardonner de ne pas avoir été à tes côtés, pardonner d’avoir encore une fois laissé un enfant partir trop tôt … on espère Qu’on pourra admirer ton sourire, se noyer dans tes yeux clairs, entendre ton éclat de rire.
Tu appartiens désormais Lola à nos cœurs, tu es notre enfant à tous, il restera de toi ce que tu as offert à chacun des gens que t’a côtoyés, ta gentillesse, ta ténacité, tes moqueries, ta facilité à aller vers les autres, à les mettre à l’aise, il demeurera de toi des larmes tombées, mais également un sourire germé sur les yeux de ton cœur, il persistera de toi ce que tu as semé ce que tu as partagé aux mendiants du bonheur, un enfant qui s’éteint, ce n’est pas un mortel qui finit, c’est un immortel qui commence.
D’un coeur sincère.
Par Aboubacar KONTE.