TIKTOK L’ENVERS DU DÉCOR !

Lancée en 2016, l’application permettant aux utilisateurs de créer des vidéos courtes accompagnées de musique, de 3 secondes à 3 minutes, compte aujourd’hui en France 14,9 millions d’utilisateurs actifs mensuels, 4 millions de Français passent un peu plus d’1 heure par jour à regarder les vidéos du réseau social. Mais à quoi est dû un tel succès ? Quelles sont les méthodes utilisées par l’application au succès planétaire ? Peut-on arriver aussi haut, aussi vite, sans causer du tort ou bafouer les règles éthiques ? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière l’application préférée de nos préadolescents ? Je tente de répondre à toutes ces questions, ci-dessous en quatre point.

L’algorithme 

TikTok possède un algorithme ultra puissant qui permet de cibler avec une incroyable précision les centres d’intérêt de ses usagers. Mais alors, comment fonctionne ce dernier et surtout, comment réussit-il à être aussi précis ?

Deux grandes valeurs sont scrutées par l’application: la rétention (c’est-à-dire la capacité à nous faire revenir sur TikTok) et le temps passé sur cette dernière. Le but ? nous garder comme utilisateur actif le plus longtemps possible. « Le système essaie de rendre les gens dépendants plutôt que de leur donner ce qu’ils veulent vraiment », décrypte Guillaume Chaslot, le fondateur d’Algo Transparency

Pour le très jeune public le principal risque est de tomber dans des spirales de thèmes délétères touchant à la désinformation ou à la santé physique ou mentale.

« L’algorithme va vous pousser vers des contenus de plus en plus extrêmes, pour augmenter au maximum le temps passé sur l’application. Ce n’est pas parce que vous les regardez que vous les appréciez, c’est simplement qu’ils sont plus à même de vous faire rester plus longtemps sur la plateforme », explique Guillaume Chaslot.

Une autre partie de cette note indique que « la monétisation des créateurs » fait partie des objectifs de l’entreprise. Elle suggère que TikTok pourrait favoriser en partie les vidéos si elles suscitent des dons d’argent de la part des spectateurs, et pas seulement si elles sont divertissantes.

Si seulement cela s’arrêtais la ? Mais non. Fin 2020, il avait été reproché à l’algorithme de favoriser les contenus sexualisés mettant en scène des mineurs, vrai ou faux ? 

TikTok Favorise t’il les contenus sexualisés mettant en scène des mineurs ?

Fin décembre sur Youtube, un vidéaste baptisé « le Roi des rats » accusait l’algorithme de TikTok de favoriser l’accès à des vidéos sexualisées (danses sexy, positions suggestives, mises en scène de pratiques sexuelles) incluant parfois des mineurs, et avait montré qu’il était facile, peu importe l’âge, d’avoir accès à des contenus illicites, citant notamment la zoophilie et la scatophilie.

Le youtubeur expliquer également comment il s’est fait passer pour une préadolescente sur la plateforme pendant plusieurs semaines et « contacté par des personnes proposant d’échanger des liens ou des packs d’images pédo-pornographiques. Selon lui, ces prédateurs passent ensuite par l’application TikTok, une messagerie qui permet de discuter sans avoir à confirmer son compte par un mail ou un numéro de téléphone. TikTok sert donc à la fois de catalogue en libre-service et de point de rencontre pour ces gens », résume-t-il. 

« D’un côté, TikTok diffuse des vidéos sexy d’adolescentes, voire d’enfants, parfois frôlant la pédopornographie, auxquelles les pédocriminels peuvent avoir accès, et d’un autre côté, la plateforme expose ces jeunes à des contenus pornographiques », avait dénoncé début janvier l’association Les effronté-e-s, à la suite à cette enquête.

Des menaces que les collégiens (En France, plus de la moitié des collégiennes âgées de 11 à 14 ans possèdent un compte sur l’application, d’après une étude communiquée à RTL Futur par Génération numérique.) dont c’est l’application préférée n’ont pas forcément conscience. On trouve sur la plateforme de nombreuses vidéos de préadolescentes en brassière, mini-short ou petite culotte reproduisant les danses sensuelle et la gestuelle de leurs modèles. « Sauf que ces dernières sont adultes. Les jeunes adoptent leurs poses sexualisées sans avoir l’âge et cela créée des convoitises chez des gens malveillants », regrette Cyril Di Palma, délégué général de l’association Génération numérique.

Prenons l’exemple de celle que nous appellerons Aurélie, 14 ans et 32 000 abonnés : l’adolescente enchaîne les chorégraphies sexy en playback sur des chansons aux paroles sulfureuses, Si Aurélie admet que TikTok « joue sur le fait qu’on a envie d’être plus sexy » et prend des allures de concours « à qui sera la plus belle, la plus bonne, qui a le plus beau corps », elle ne trouve pas qu’elle soit trop sexy pour son âge et entend bien continuer à montrer son corps comme bon lui semble. Même si cela va à l’encontre des recommandations de sa mère qui veille tout en privilégiant le dialogue à la confrontation.

Des dérives similaires ont également été observées en Australie, en Chine et aux États-Unis ces derniers mois. En 2017, le père d’une jeune fille de 7 ans expliquait par exemple à la chaîne de télévision ABC News qu’il avait découvert que quelqu’un demandait des photos dénudées à sa fille. 

Censure ! 

Sur TikTok, toute vérité n’est pas bonne à publier. Avec le précieux témoignage d’un ex-modérateur chargé de filtrer les contenus en Europe, des journalistes ont découvert que l’application se réserve le droit de censurer les propos hostiles à la Chine, et même de supprimer le compte de son auteur. 

« Si le discours est contraire aux mœurs du pays dans lequel il s’exprime, TikTok peut aussi réduire l’influence de celui qui le tient. C’est le cas lorsque quelqu’un promeut l’homosexualité dans un pays où c’est mal vu, par exemple », explique le présentateur. 

Au-delà de la censure verbal, l’application fait également de la censure physique ! Déjà accusé de limiter la visibilité des utilisateurs handicapés, l’application aurait une nouvelle politique de modération tout aussi controversée. Selon The Intercept, les vidéos faites par des utilisateurs jugés moches ou pauvres seraient supprimées de la rubrique pour toi. Pour attirer de nouveaux utilisateurs, la firme aurait diffusé une circulaire à destination de tous ces employés. Traduite du chinois par le média américain, elle fait référence à plusieurs traits physiques comme l’absence de dentsles taches de rousseurs ou les cicatrices au visage. Les ventres à bière ne sont pas non plus les bienvenus sur la plateforme.

L’application supprime aussi certaines vidéos traitant de sujets politiques comme les manifestations de Tiananmen, la police ou les critiques à l’encontre des leaders politiques et religieux.

Récemment le réseau social chinois a admis avoir suspendu “par erreur” une vidéo virale sur la plateforme TikTok condamnant la répression exercée par Pékin à l’encontre des musulmans du Xinjiang. Une adolescente, qui se présente comme une Américaine de 17 ans de religion musulmane, avait diffusé une vidéo, dans laquelle elle dénonçait le traitement des musulmans de l’ethnie Ouïgour.

Mon expérience sur l’application !

Contacté par RTL Futur, un porte-parole de TikTok, assure que la plateforme « prend la sécurité et le bien-être des utilisateurs extrêmement au sérieux » et qu’elle a pris « de nombreuses mesures pour protéger la plateforme des usages abusifs » est-ce réellement le cas ? J’ai décidé dans le cadre d’un travail d’enquête de télécharger l’application pendant deux semaines et de me faire mon propre avis. 

Il y a forcément une modération sur TikTok, mais avec 500 millions d’utilisateurs, il est quasiment impossible de tout contrôler, c’est ce que j’ai pu constater, des vidéos à la limite de l’indécence, homophobe, islamophobe, antisémite, incitant à des jeux les plus débiles les uns que les autres, sans parler des challenges ayant pour unique but d’attirer l’attention sur soi souvent de manière malveillante. 

En modèle par nos jeunes, des vidéos de violences qu’elles soient verbales ou physiques, mais surtout de la malveillance, les commentaires étant plus méchants les uns que les autres, grossophobes, racistes et j’en passe, de l’addiction qu’elle crée à la pédopornographie qu’elle met en avant, TikTok est définitivement une application à bannir. Sans parler de la perte de temps qu’elle procure, on y devient très vite accro sans même s’en rendre compte les heures devenant des minutes.

Par Aboubacar KONTE.

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