Ce samedi 5 février, l’annonce de la mort du petit Rayan, cinq ans a suscité une vive émotion dans le monde entier. Un dénouement tragique, après une attente interminable. Malgré une opération de sauvetage de grande envergure, les secouristes marocains ne sont pas parvenus à sauver l’enfant de 5 ans tombé dans un puits asséché de plus de 30 mètres de profondeur. Au Maroc, comme partout dans le monde, l’espoir fait alors aussitôt place à la douleur. Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient, à mon tour de t’écrire du plus profond de mon coeur.
Cher Rayan, mon petit prince,
C’est la gorge nouée et les yeux remplis de larme que je t’écris cette lettre, cela fait maintenant deux jours que tu t’en es allé, deux jours que tu es monté là-haut, que tu reposes en paix, deux jours que tu nous regardes pleurer de tristesse, deux jours que tu nous vois désemparé, deux jours que tu assistes à la peine de tes parents, à leur désarroi.
Je voulais te remercier, qui l’aurait cru qu’un petit bonhomme de 5 ans puissent réunir autant de monde et faire d’eux un seul et même peuple uni, le temps d’une semaine tu as fait plus que nous tous, le temps d’une semaine tu nous as mis une claque, tu nous as montré à quel point cette vie ne valais rien, à quel point nos querelles était absurde à côté du désarroi qui pouvait nous côtoyer chaque jour, mais qu’on ne prend même pas le temps de regarder habituellement, tu as mis des mots sur nos douleurs, de la tendresse sur nos gestes, de l’affection dans nos actes, de la générosité dans nos actions.
En 5 jours, tu as fait en sorte que les noirs et arabes sortent de leur guerre d’égo, que les politiques s’efforce d’enlever la frontière qui n’est que terrestre, tu as fait en sorte que les chaînes de télé s’intéressent à autre chose que ce qui fait polémique, tu as fait en sorte que les religieux quelles que soient leurs religions prient tous pour la même chose, en 5 jours tu as mis de l’humanité en nous, tu nous as rappelé à quel point l’humain ne fait qu’un que dans ces moments seul la solidarité compte, car s’il y a bien une chose sur laquelle nous sommes égaux c’est la mort, tu nous as fait ressentir ce qu’on n’imaginait même pas abriter au fond de nous, certes tu es parti, tu n’es plus avec nous, tes parents ne pourront plus profiter de ton sourire rayonnant, de ta voix qui les bercent de l’amour que tu leur portais …
Mais sache que tu laisses derrière toi un travail colossal, sache que tu as rendu le temps d’un instant ce monde meilleur, sache que tu as fait de nous, ce que nous n’étions pas et ce que nous n’avons jamais était, on a retrouvé des valeurs humaines, sociale, de l’entraide, de l’écoute de l’affection les un pour les autres, on s’est pris à espérer à vouloir le bien, on a oublié toutes les futilités quotidiennes pour lesquelles nous nous plaignons, on s’est mis à souvenir la raison pour laquelle nous étions là, on s’est mis à se regarder autrement, à avoir de l’affection les un pour les autres, de la compassion, on s’est mis à espérer, le temps d’un instant nous sommes devenus t’es parents, tes grands frères, tes grandes sœurs, nous sommes devenus tes amis, tes oncles, tes tantes, Rayan tu nous as permis de montrer ce qu’il y a de meilleur au fond de nous, t’a réuni des gens qui se parlaient plus, ne se regardait plus, des gens qui mangeaient dans la même assiette sans pour autant se connaître.
Ton corps sera enterré ce lundi, mais sache que ton âme ère au-dessus de nos têtes, on se sait regarder par toi, on sait que t’es là où tu ne souffriras plus jamais, on sait que tu ne manqueras plus jamais de rien, on espère juste une chose, qu’un jour quand notre tour arrivera tu seras là pour nous accueillir, que nous pourrons te serrer dans nos bras comme on aurait aimé le faire samedi soir… Qu’on pourra admirer ton sourire, qu’on pourra te remercier de la claque qu’a pris le monde entier.
Je ne pouvais pas finir sans saluer la dignité de tes parents, eux qui dans la perte de l’être le plus cher qu’on peut avoir n’ont pas manquées de dignité, eux vivant dans la pauvreté qui n’ont pourtant pas hésiter à refuser toutes les cagnottes réalisées, ils font partie au même titre que toi de ces gens qui nous ont donnée une bonne claque d’humanisme, qu’ils sachent que même si nous ne pourrons jamais combler ta perte, ils ont gagné des milliers d’enfants.
Tu appartiens désormais Rayan à nos cœurs, tu es notre enfant à tous, notre voie à chacun s’est dessiné, et même dans l’éventualité où cela ne dure pas pour l’éternité ça aura duré assez longtemps pour régler quelques conflits, il restera de toi ce que tu nous as offert, il demeurera de toi des larmes tombées, mais également un sourire germé sur les yeux de ton cœur, il persistera de toi ce que tu as semé ce que tu as partagé aux mendiants du bonheur, un enfant qui s’éteint, ce n’est pas un mortel qui finit, c’est un immortel qui commence.
Nous t’aimons !
D’un coeur sincère par KONTE Aboubacar.
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