L’Union des Émirats Arabes Unis, partie I

Fédération de la péninsule arabique principalement situé le long du golfe Arabo-Persique. l’Union des Émirats Arabes unis, est un État fédéral composé de 7 émirats, Cheikh Mohamed ben Rachid Al Maktoum l’Émir de Dubaï, nous raconte l’histoire de sa création dans son livre intitulé « Mon histoire ».

« Tout a un commencement mais aussi une fin. Il en va ainsi pour tout, sauf pour les grands rêves. Ils ont un début mais ils peuvent se prolonger sur des générations. Souvent, si vous leur donnez le meilleur de vous-même, ils vous survivront. Nos souvenirs de tous les commencements sont souvent inoubliables. Leurs moindres détails et les sentiments les ayant accompagnés laissent une impression vive et indélébile sur notre âme et deviennent une partie de notre être.

Comment oublier le plaisir, voire l’euphorie que l’on ressent durant les premiers instants de la vie de notre premier enfant ? Les tourments du premier amour ? L’exaltation du premier jour d’école ? 

Ces souvenirs nous accompagnent à vie et nous façonnent. Il n’est donc point étonnant que je me souvienne du jour de la naissance de l’État des Émirats Arabes Unis comme si c’était hier. 

En 1968, alors que j’étudiais en Grande-Bretagne, mon père me convoqua pour une réunion de haute importance. Il m’avait chargé de me préparer pour passer une journée entière dans le désert. Il m’avait confié la tâche d’organiser cette réunion. Il voulait qu’elle se déroule dans un endroit loin des yeux indiscrets, et des individus malintentionnés qui avaient jusque-là tout fait pour étouffer dans l’œuf la possibilité d’une union entre les émirats. L’idée que les tribus éparses et les différents émirats puissent s’allier et former, un jour, un véritable pays ne leur convenait pas. 

Durant cette rencontre, mon père allait s’entretenir avec l’homme sage qui gouvernait Abu Dhabi depuis seulement deux ans, Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyane.

Ce grand homme était pour moi un second père, un maitre, un mentor et un guide quatre décennies durant. Depuis le premier jour de son règne en 1966, il porta en lui le rêve d’une union des Émirats. L’objectif de la  rencontre était alors de mettre un cadre constitutionnel pour une union entre nos deux émirats, plaçant le reste des émirats devant le fait accompli, et facilitant par la même occasion leur décision de s’y joindre. Voilà ce qu’ils espéraient en concrétisant cette union entre Abu Dhabi et Dubai

Pendant des années, des pourparlers stériles et des rencontres inutiles donnaient lieu à des alliances qui n’en finissaient pas de se faire et de se défaire. Il y avait toujours quelqu’un qui faisait avorter la concrétisation du rêve et le reportait indéfiniment, jusqu’à cette réunion qui était venue tout aplanir d’un coup.

Les deux Cheikhs se réunirent dans un endroit appelé Arkoub Sedira, situé entre Abu Dhabi et Dubai. Cette rencontre représentait un moment historique qui rendit finalement possible l’union des émirats. Pour choisir l’endroit exact de la rencontre, je dus devancer les deux Cheikhs. Mon père me chargea de cette mission car, parmi mes frères, j’étais celui qui connaissait le mieux le désert. 

Je plantais deux tentes à l’endroit convenu. La tente des deux Cheikhs faisait face à la brise du désert et était orientée vers le nord. La seconde, tournée vers le sud, était pour nous, leurs accompagnateurs. Je fis un feu pour préparer le repas, mais un autre feu brûlait en moi, aussi ardent que l’enthousiasme qui me gagnait le cœur en ce jour dont je pressentais l’importance. Je savais que cette rencontre allait être un point de non-retour et que l’Union allait enfin devenir réalité. Tout était prêt lorsque les deux Cheikhs arrivèrent accompagnés de deux ou trois hommes chacun.

Ils entrèrent seuls sous la tente pour commencer les discussions. C’est ainsi que sous cette tente orientée vers le nord, le 18 février 1968, l’Union des Émirats vit le jour.

Émirats Arabes Unis
Émirats Arabes Unis
Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin

Les deux Cheikhs se mirent d’accord sur la création d’une union bilatérale entre leurs émirats respectifs. Quelques points importants furent décidés conjointement : leur Union aurait un seul drapeau, un système de santé commun, et un système éducatif unique. 

Sous cette tente, il se passa une chose rare, voire inédite, en terre arabe et qui n’allait pas se répéter avant plusieurs décennies, Les deux hommes avaient à tour de rôle refusé de présider cette Union. 

Cheikh Zayed demanda à Cheikh Rashid de devenir président de la nouvelle Union et ce dernier, le chapelet à la main, lui rétorqua en souriant : « C’est toi le président. ».

Un sérieux échange à ce propos se prolongea entre les deux hommes avant que Cheikh Zayed n’accepte finalement la présidence. Cheikh Rashid serra alors la main de Cheikh Zayed, scellant ainsi leur accord et signifiant son entière bénédiction.

Cinquante ans plus tard, je repense à cet événement avec une douleur au cœur pour tant de pays arabes qui ont sacrifié des vies et leurs richesses et perdu des années dans des luttes pour le pouvoir. Certes, sur ce plan, l’État des Émirats est différent. C’est peut-être cela qui fait notre réussite. 

Car les pays réussissent uniquement quand les rêves de leurs peuples dépassent ceux de leurs dirigeants et priment sur leurs intérêts personnels. Les pays réussissent quand leurs chefs se détachent de leurs égos et de leurs ambitions personnelles pour mieux servir les ambitions de leurs peuples. Les pays réussissent enfin quand le pouvoir devient un instrument pour la réalisation des objectifs d’un peuple et non une fin en soi.

Les Émirats Arabes Unis doivent leur genèse à des chefs qui avaient ce sens de l’abnégation et une conscience de leur responsabilité envers leur peuple. C’est cette valeur qui les distingue et qui restera un des secrets de notre réussite. Cette valeur doit continuer à guider tous les responsables en ce pays l’on veut que le miracle se perpétue. Il nous reste encore de gros efforts à consentir pour préserver les valeurs de l’Union, celles qu’incarnaient Zayed et Rashid.

Cette rencontre historique entre Zayed et Rashid se solda par la déclaration de l’union entre les deux émirats. Quelques jours plus tard, des réactions commencèrent se faire entendre de toutes parts.

Le Roi Hussein de Jordanie était parmi les premiers à avoir communiqué avec mon père pour le féliciter chaleureusement et lui exprimer son admiration pour cette réalisation. Le Koweit et l’Arabie Saoudite exprimèrent également leur contentement.

Il y eut des félicitations plus réservées de la part de la Grande- Bretagne. Mais ce qui nous fit le plus plaisir, c’était les congratulations reçues des sept autres émirats, y compris le Qatar et le Bahrein et de leurs leaders qui nous exprimèrent leurs souhaits de réussite.

Atteindre ce point de non-retour dans le projet d’unification des émirats est un des acquis dont mon pére semblait le plus heureux. Mais des signes de fatigue et de faiblesse cormmencerent vite à apparaître sur son visage.

À son retour d’Arkoub Al Sidra, et après un long silence, il me dit :

« Mohamed ! Cette Union naissante a besoin d’être protégée des détracteurs et ennemis qui la guettent de l’intérieur comme de l’extérieur. Nous avons convenu avec Cheikh Zayed de la création d’une unité fédérale commune qui sera en charge de la défense et de la sécurité intérieure. Mohamed ! je veux que tu sois responsable de la protection de l’Union. »

Par Aboubacar KONTE

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