Fédération de la péninsule arabique principalement situé le long du golfe Arabo-Persique. l’Union des Émirats Arabes unis, est un État fédéral composé de 7 émirats, Cheikh Mohamed ben Rachid Al Maktoum l’Émir de Dubaï, nous raconte l’histoire de sa création dans son livre intitulé « Mon histoire ».
Chapitre : Le calumet arabe
Le 16 janvier 1968, le premier ministre britannique Harold Wilson annonça que la Grande-Bretagne avait l’intention de se retirer de la région du Golfe en raison de la détérioration de son économie.
La dévaluation de 14% de la livre sterling en novembre 1967 avait augmenté soudainement et considérablerment le coût associé aux bases militaires à « l’est du Suez ».
Cela rendit plus coûteuse également la présence de la Grande-Bretagne dans la région du Golfe. Les déclarations annonçaient un retrait progressif sur trois années, mais les signaux politiques qui nous parvenaient indiquaient l’intention claire de la Grande-Bretagne de garder un pied dans cette région qui possédait les plus grandes réserves mondiales de pétrole.
À cela s’ajoutait le fait que les Américains et les Britanniques voyaient en la région une cause de conflit potentiel entre eux et l’Union soviétique. Les messages propagés par les Britanniques à notre sujet trahissaient leur désir de protéger leur influence dans la région. Leurs propos négatifs portaient sur notre supposée incapacité à nous défendre nous-mêmes, et sur le mécontentement présumé de notre peuple face à la lenteur du processus d’édification de l’Union.
Tous ces signes inquiétaient mon père. C’est pourquoi il demanda une rencontre avec le premier ministre britannique Harold Wilson l’été de l’an 1969. Dès le début de notre réunion avec lui, je fus amusé de cet échange où s’alternaient l’accent bédouin du Golfe de mon père et l’accent du Yorkshire du premier ministre.
Ils abordèrent plusieurs sujets de grande importance, et mon père ne cessa d’exprimer notre volonté à être les seuls maîtres de notre destinée. L’air absorbé, le premier ministre Harold Wilson prit sa pipe et la bourra de tabac.
Mon père fit de même l’air soulagé. Il s’était abstenu de fumer pensant sûrement qu’il n’était pas de bon ton de le faire avant que son hôte ne fume ou ne l’invite à le faire. La pipe arabe est une copie réduite de la pipe anglaise, mais le tabac utilisé par les arabes est bien plus puissant que le tabac anglais au point qu’une seule bouffée de cette pipe était suffisante.
L’atmosphère se détendit et les deux hommes discutèrent des affaires de la région tout en fumant. Mon père prit une bouffée de tabac puis posa sa pipe dans le cendrier sous le regard intéressé du premier ministre britannique qui lui dit alors:
« Cheikh Rashid. Regarde. Ma pipe est beaucoup plus grande que la tienne » en désignant d’un mouvement de tête sa propre pipe.
Mon père sourit et s’adressa à moi :
« Dis à Mr. Wilson que je suis d’accord que sa pipe est plus grande.
Il n’empêche que ma pipe, en dépit de sa petite taille, contient un tabac riche et bien plus puissant. »
Wilson sourit en entendant cette réponse et inspira profondément. Clairement, ces commentaires n’avaient rien à voir avec la pipe. Wilson voulait faire passer le message que la Grande-Bretagne était beaucoup plus puissante que nous et que cela lui donnait le pouvoir de faire ce que bon lui semblait.
Le message de mon père était qu’il ne fallait pas nous sous-estimer à cause de notre petite taille, que nous étions forts et que même si notre force et notre determination ne leur étaient pas évidentes, nous étions capables de nous défendre par nos propres moyens.
Les discussions se terminèrent sur une note positive et nous rentrâmes à Dubaï avec la certitude d’avoir établi les bases d’une bonne compréhension mutuelle, et la confirmation des promesses de retrait aux dates prévues.
Mais, moins d’une année après cette rencontre, l’imprévu était au rendez-vous »
À suivre …
Par Aboubacar KONTE
